mercredi 10 novembre 2021

COMMEMORATION A FAY, ce 6 novembre 2021

 

Quelques membres de notre association lors de la commémoration.
6 novembre 2021.


Membre de notre association, Vincent CABY, un habitant de notre commune, participe à nos activités d’histoire locale.

Lors du centenaire de la fin de la guerre 1914/1918, il était intervenu pour raconter l’histoire du frère de sa grand-mère, Noël MERCIER, mort pour la France, dans la Somme, lors de la Première Guerre mondiale.

Depuis son enfance, Vincent est passionné par cette histoire et il a même écrit un ouvrage qu’il a offert à « Si Pérenchies m’était contée… ».

Ce 6 novembre 2021, une association picarde a voulu, à son tour, rendre hommage à Noël MERCIER. Nous avons proposé à nos membres actifs de nous y rendre. Malgré de nombreuses animations et sorties prévues par d’autres associations de notre ville, une quinzaine de personnes ont pu se rendre disponibles pour ce voyage amical mais aussi pour ce devoir de mémoire.

Le président de la section locale de l’UNC de notre commune a aussi accepté d’y venir accompagné de deux des drapeaux de la section.

 

La cérémonie dans la clairière de Faÿ.
6 novembre 2021.

 

L’affiche de la commémoration du 11 novembre 2021.
 Information municipale.

 

HISTOIRE DE MON GRAND-ONCLE, MORT DANS LA SOMME

Notre blog a déjà relaté cette histoire émouvante. En ce temps proche du 11 novembre, en voici quelques extraits :  

« Tout petit déjà, ma grand-mère maternelle me racontait le peu de souvenirs qu'elle avait de son grand frère disparu durant la première guerre mondiale alors qu'elle n'avait que quatre ans. Je me souviens de ces moments passés à discuter tous les deux. Je la revois sortir sa boite en fer carrée pour me montrer des photos ainsi que les lettres que Noël écrivait et recevait durant sa mobilisation. Les souvenirs passés avec ma grand-mère parlant de son frère ont été très forts durant mon enfance. Noël était mon grand-oncle. 

Noël est né le 23 décembre 1894 à Roubaix dans le Nord. En 1914, il est employé dans une filature à Tourcoing. 

Le 1er août 1914, comme partout ailleurs en France, en milieu d'après-midi, le tocsin alerte la population qui découvre l’ordre de mobilisation générale affiché à la mairie.

Noël est mobilisé et est affecté au 67ème Régiment d'infanterie sous le numéro matricule 4866. Il écrit à sa mère et lui exprime sa tristesse d’être séparé des siens. De plus il n’a aucune nouvelle de son père, Hector, mobilisé également depuis le 15 septembre 1914. 

Hector est passé par Limoges, Poperinge, Bronbeek puis Hondschoote où il sera libéré le 30 janvier 1915. Ne pouvant rentrer chez lui, il partira pour Dreux auprès de son fils. Ils passeront plusieurs mois ensemble. 

Le 25 janvier 1916, mauvaise nouvelle, Noël reçoit une seconde affectation. Il est appelé à rejoindre le 97ème régiment d’infanterie sur le front et, en mars 1916, il se retrouve dans les tranchées de Verdun qu’il quitte au bout d’un mois. Son régiment est dévasté.  

En mai 1916, il est agent de liaison dans les tranchées. Il est chargé de transmettre les informations au sein de l'armée lors d'opérations qui rendent impossible l'usage du téléphone. Il court entre les postes de commandement. 

Le 27 août, les soldats se mettent en route vers le Nord et le lendemain arrivent dans la Somme.

Le 3 septembre 1916, Noël ne sait pas qu’il rédige sa dernière lettre pour son père :

« Tu me demandes de faire une lettre pour ma chère maman. Pour l'instant je ne pourrai pas mon cher papa, c'est plus que moi-même. Si jamais il m'arrivait malheur, j'espère qu'à ton retour à Roubaix tu sauras lui dire que je n'ai jamais cessé de l'aimer. Ma pensée était tous les jours vers elle et nos chers petits, ainsi que vers toute notre famille. Tous les jours dans mes prières je pensais à eux et plus d'une fois j'en ai versé des larmes..." 

Le 4 septembre 1916, son régiment doit partir à l'attaque pour enlever Barleux à l’ennemi puis se rendre à Biaches et à Péronne. L'aube a été pluvieuse et chacun est transi de froid. Les hommes s'élancent et enlèvent la première tranchée allemande puis la seconde, mais ils sont alors pris violemment à partie par les défenseurs plus au Nord. Le bataillon français est encerclé de toutes parts et lutte désespérément à la baïonnette. 

Noël a disparu durant cette longue journée de combat. A quel moment et de quelle façon ? Nous ne le saurons sans doute jamais. 

Noël avait 21 ans. Il est tombé pour la patrie ».

 

UNE RENCONTRE AVEC UNE ASSOCIATION

Vincent a rencontré une association dénommée « Le sapeur picard ».

Créée en 2001, elle est composée de passionnés qui souhaitent faire découvrir la guerre de 14/18 par le biais de collections d'objets et d'expositions.

Pour le centenaire de la guerre 1914/1918, ils ont eu l’idée de fouiller un bois situé à FAY et d’y retrouver d’anciennes tranchées allemandes qu’ils ont reconstituées et qu’ils font visiter.

L’association a proposé à Vincent d’y installer un panneau racontant l’histoire de son grand-oncle mort dans la Somme afin que son histoire ne s’oublie pas.



Le panneau racontant l’histoire de Noël MERCIER mort dans la Somme en 1916.



L’association du Sapeur Picard. Reconstitution allemande.
 6 novembre 2021. 



L’association du Sapeur Picard. Reconstitution française.
6 novembre 2021.
 


La reconstruction de la tranchée allemande. Bois de Faÿ.
6 novembre 2021.

 

La reconstruction de la tranchée allemande. Panneau explicatif sur le Bois de Faÿ après 1916.
6 novembre 2021.



La reconstitution de la tranchée allemande. Bois de Faÿ.
6 novembre 2021.



La reconstitution de la tranchée allemande. Bois de Faÿ.
 6 novembre 2021.

 

FAY, UNE PETIT VILLAGE DE LA SOMME ENTIEREMENT DETRUIT DURANT LA GUERRE 14/18

Durant la Première Guerre mondiale, la commune de Faÿ était située sur la ligne de front de 1914 à 1916.

Le 29 août 1914, les Allemands y arrivèrent.

Le 30 novembre 1914, l'attaque française par le 205e régiment d'infanterie est un échec. 115 tués et 140 blessés !

Le 10 décembre 1914, c’est un nouvel échec français lors de l'attaque du 99e R.I.

D'avril 1915 à janvier 1916, les attaques par fourneaux de mines dévastèrent les alentours de Faÿ mais elles ne modifièrent pas la ligne de front.

Le 1er juillet 1916, premier jour de la bataille de la Somme, les hommes du 265e R. I. s'emparent du village en ruines.

Fin mars 1918, les Allemands réoccupent Faÿ au cours de la bataille du Kaiser.

Fin août 1918, le village est libéré par les troupes australiennes.

Il est totalement détruit à la fin de la guerre et a été décoré de la Croix de guerre 1914-1918, le 27 octobre 1920.

Situé dans la zone rouge, le village de Faÿ ne devait pas, au départ, être reconstruit. Le retour de la population, en 1919, amena le conseil municipal à décider, entre 1922 et 1923, la reconstruction du village non pas sur son emplacement originel, à flanc de coteau, mais sur le plateau.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le nouveau village fut, à son tour, détruit.

 

Ruines de l’ancien village de Faÿ détruit lors de la guerre 1914/1918.

 

Ruines de l’ancienne église du village de Faÿ détruit lors de la guerre 1914/1918.


LA CEREMONIE DU 6 NOVEMBRE 2021




La cérémonie de Faÿ le 6 novembre 2021. La clairière.




La cérémonie de Faÿ le 6 novembre 2021.Début de cérémonie.




La cérémonie de Faÿ le 6 novembre 2021. Vincent dévoile la plaque.


Merci à nos photographes : Patricia LESSART, Gérard RICHARD, Alain DEPARIS et Vincent CABY.

Merci à Jean-Pierre BRAME et aux porteurs des deux drapeaux de la section locale de l’UNC de Pérenchies qui ont accepté de nous accompagner pour cette cérémonie.

 

Merci à nos membres actifs qui nous ont accompagnés dans ce Devoir de Mémoire.


Dans les mois qui viennent, nous proposerons à la Commission Municipale des Jumelages et à l’Association « Les Amis d’Overath » d’envisager d’y emmener nos amis de notre ville jumelle d’Overath lors d’une de leurs prochaines venues dans notre région.

 

Philippe JOURDAN

Président de SPMC

8 novembre 2021

 

 

Relecture et publication : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog.














jeudi 30 avril 2020

Une explosion mortelle à Pérenchies en 1927 Article de presse du Grand Echo du Nord de la France du vendredi 7 octobre 1927.


Voici un autre document de la BNP retrouvé par Mme MONCHICOURT, une de nos lectrices.

Le Grand Echo du Nord de la France. BNF (Gallica).
Vendredi 7 octobre 1927. Extrait.


En démontant les engins de guerre

Deux ouvriers mortellement blessés par une explosion d’obus à Pérenchies.

Un nouveau drame – comme on en a déjà enregistré trop depuis l’armistice – a encore ensanglanté la région où subsistent les vestiges des champs de bataille.
Cette fois, c’est à Pérenchies, dans cette zone de Lille à Armentières, encore toute hérissée de blockhaus à même les champs cultivés, que la mort a passé.
Deux ouvriers étaient occupés, depuis le matin, à faire sauter un blockhaus. Ils venaient de terminer leur travail et allaient attaquer un autre blockhaus. Pour se procurer la poudre, ils démontaient un obus de fort calibre, découvert par eux récemment, quand une explosion se produisit. Les deux malheureux furent horriblement déchiquetés. Ils devaient succomber deux heures plus tard en arrivant à l’hôpital de Lille.
La démolition de blockhaus
Depuis plusieurs jours, deux ouvriers de l’entreprise Patou, à Wez-Macquart, étaient occupés à la démolition de divers blockhaus sur les champs de la ferme du Temple, à Pérenchies, occupée par M. Georges Charles et son gendre, M. César Vieren.
C’étaient deux ouvriers estimés et sérieux, Emile Tardu, 30 ans, et Léon Leperque, 40 ans. Leperque, notamment, est employé depuis 7 ans chez M. Patou et habite même avec son patron, Grande-Route, à Wez-Macquart. Tardu habite à Prémesques, cité de la Collerie.
Jeudi matin, ils étaient arrivés tard à leur travail et s’étaient hâtés de terminer un blockhaus dont la démolition était commencée depuis plusieurs jours, à 100 mètres du bâtiment de la ferme.


Photographie du Grand Echo du Nord du 7 octobre 1927 qui accompagnait l’article.
BNP (Gallica).


Légende de la photo qui accompagnait l’article :
Après l’accident : la croix indique la place où l’obus explosa.
A gauche (tas de pierres blanches), le blockhaus qui sauta le matin.
A droite : le blockhaus qu’on allait faire sauter.
Les gendarmes  de Quesnoy-sur-Deûle recueillent le témoignage du propriétaire.

Ils attaquaient un second blockhaus, situé à 10 mètres du premier et avaient déjà creusé les ouvertures où devait être introduite la charge de poudre.
Pour se procurer la poudre à meilleur marché, sans doute, ils étaient occupés à démonter, à coups de burin, un obus de lourd calibre, un 150 au moins.
L’explosion
Il était 14h25. Une forte explosion ébranla tout à coup l’atmosphère. L’obus venait d’éclater.
Les éclats, en s’éparpillant, étaient passés au-dessus d’un champ où, à 30 mètres de là, le propriétaire de la ferme, son gendre et un nombreux personnel de femmes et d’enfants arrachaient des pommes de terre. Un culot avait frôlé la tête d’un enfant !
Les deux ouvriers projetés à plusieurs mètres par la force de la déflagration, gisant dans une mare de sang.
Ils n’avaient pas perdu connaissance, mais ils étaient horribles à voir.
Leperque, le plus atteint, avait les yeux et la face brûlés, la jambe gauche et la main droite sectionnées net. Tardu avait eu la jambe droite arrachée.
La force de l’explosion avait été telle, qu’on ne retrouva pas même dans le voisnage les membres enlevés, sauf un pied encore enfermé dans son soulier.
MM. Georges, Charles et César Vieren s’empressèrent à porter secours aux malheureux qui firent preuve d’un courage héroïque pendant que les docteurs Nuyts et Margerin, de Pérenchies, mandés aussitôt, faisaient les premiers pansements.
Leperque trouvait encore la force de s’excuser près de son camarade blessé : « C’est de ma faute ! »  Et pourtant les patrons de l’entreprise affirmèrent que Leperque, contrairement à beaucoup de récupérateurs, ne touchait jamais un obus trouvé dans un champ. C’est sans doute la dimension de l’engin et le volume de la poudre qui y était contenu, qui le tenta. N’ayant pas l’expérience, il s’y prit mal et l’explosion se produisit. Elle eut lieu en plein travail, car on retrouva un bloc de poudre gros comme le poing et divers blocs plus petits sur le lieu de l’accident.
Deux morts
Pendant que le brigadier Leroy et le gendarme Dupont, de Quesnoy-sur-Deûle, procédaient à l’enquête, à 16H30, l’ambulance de Lomme amenait les deux blessés à l’hôpital de la Charité, à Lille.
Ils y succombèrent  presqu’en arrivant, emportés par l’hémorragie, consécutive à la rupture des artères fémorales. Mme Tardu arriva juste pour recevoir le dernier soupir de son mari.
Les deux victimes, estimées et travailleuses, laissent derrière elles, l’une et l’autre, femmes et enfants. Cette situation ajoute encore à l’émotion que ce drame brutal n’a pas manqué de soulever dans la paisible localité de Pérenchies.


Le Grand Echo du Nord de la France. BNF (Gallica).1ère page.
Vendredi 7 octobre 1927.
Voici quelques documents que nous avons en notre possession. Ceux-ci pourront compléter cet article.




Une batterie allemande à Pérenchies vers 1914/1918 et une armoire à munitions.
Carte postale SPMC numéro 3 108
 

Vue aérienne de Pérenchies du 25 septembre 1916 provenant d’un musée de la guerre en Italie.
Document SPMC numéro 4 274

Commentaires sur la vue aérienne du 25 septembre 1916 :

A droite, on voit le « X » formé par les voies de la ville de Pérenchies (la rue de Lille – actuelle rue du Général Leclerc - , la rue de la fabrique – actuelle rue Edouard Agache -, la rue de la mairie – actuelle rue Henri Bouchery – et la rue de la Prévôté).
On devine l’église, le long de la voie de chemin de fer. 
A gauche, on observe les douves du Fort de Lompret (actuelle base de loisirs du Fort).

Au milieu de la vue aérienne, on voit la ferme du Chemin du temple.
Au-dessus, on voit des petites constructions qui doivent être militaires reliées entre elles par une sorte de cordon.
On remarque aussi une quantité importante de trous sans doute laissés par les obus tombés.

Tout en bas, à droite, ce sont sans doute des tranchées permettant de rejoindre le front.

On voit bien, en bas, le chemin de la vierge qui rejoint le chemin du bois parquet qui longe le Fort de Lompret.

Philippe JOURDAN (avril 2020)



Un blockhaus allemand à Pérenchies en 1915 et deux soldats allemands.
Document SPMC numéro 5 577
Une batterie à Pérenchies vers 1914/1918 et des soldats allemands. Non daté et lieu inconnu.
Document SPMC numéro 5 617
Une batterie à Pérenchies vers 1914/1918 et des soldats allemands. Non daté et lieu inconnu.
Document SPMC numéro 5 639
Un blockhaus dans le quartier de la Petite Belgique. Sur l’angle de celui-ci, on voit un obus.
Document SPMC numéro 3 735. Non daté.
Nettoyage du quartier de la rue Ampère. 1919
Document SPMC numéro 3 733.

Philippe JOURDAN
13 avril 2020


Correction et édition : Jean-Pierre COMPERE, administrateur du Blog